Selon un rapport publié ce jeudi 14/09/23 par le collectif « Nos services publics », le secteur n’a pas su s’adapter aux besoins des usagers. La responsabilité de l’État est pointée du doigt pour un manque de moyens alloués aux services publics, ce qui profite au privé.
« Les moyens des services publics augmentent depuis vingt ans moins rapidement que les besoins sociaux », c’est-à-dire les besoins des citoyens, alerte un rapport publié ce jeudi par le collectif « Nos services publics », et rédigé par une centaine d’agents du service public, de chercheurs et de citoyens. Ils ont analysé deux décennies de politiques publiques et les ont comparées à l’évolution des besoins, dans l’éducation, la santé, la justice, la sécurité ou encore les transports.
Ces vingt dernières années, les dépenses publiques ont augmenté, mais moins rapidement que les besoins des citoyens, explique le rapport. Et selon les auteurs, les politiques publiques n’ont pas su s’adapter aussi rapidement à l’évolution de la société. Le secteur privé en profite donc pour se développer, en proposant une réponse à ces besoins non assouvis.
Urgences débordées.
Dans la santé d’abord, le nombre annuel de passages aux urgences est passé de 17 millions en 2010 à 21 millions en 2019, soit une hausse de « plus de 20% en moins de 10 ans. » Le vieillissement de la population et la « croissance massive » des maladies chroniques pèsent sur le système de santé, alertent les auteurs du rapport. Cela « nécessite une meilleure coordination et répartition des soins ». Dans le même temps, les cliniques privées « augmentent leur place ».
Lenteur de la justice
ConLcernant la justice et la sécurité, le « sentiment d’insécurité ressenti par la population demeure élevé ». Mais malgré l’augmentation des moyens alloués, les auteurs notent une « dégradation de la qualité et de l’efficacité de la réponse judiciaire ». Le délai de jugement d’une affaire civile devant le tribunal de grande instance par exemple est passé de 7 mois en 2005 à 14 mois en 2019.
De plus en plus d’inscriptions dans les écoles privées
Dans l’éducation, le rapport note un « phénomène de massification » : il y a de plus en plus de bacheliers et d’étudiants. « La proportion de diplômés du supérieur a été multipliée par deux en 25 ans chez les 25-34 ans ». Dans ce contexte, de plus en plus de parents se rabattent sur les écoles privées et les cours particuliers, mais majoritairement des « famille favorisées ». La « part des enfants à fort capital culturel » dans les écoles privées sous contrat est passée de « 29% en 2003 à 40% en 2021″. Les politiques publiques en matière d’éducation ne « parviennent pas à se renouveler » pour prendre en compte ces inégalités et le bien-être des élèves, insiste le rapport.
D’après les auteurs du rapport, les services privés sont plus coûteux pour l’État, et ils ne permettent pas un « accueil inconditionnel », contrairement aux services publics. Les inégalités ont donc encore tendance à se creuser. « Ce développement d’un service privé entraîne progressivement la transformation du service public en un service minimum et dégradé, et, partant, la perte progressive de sa vocation universelle », alerte le collectif, qui espère susciter un débat public après ce rapport inédit.