La Caisse des dépôts et consignations prend le contrôle d’Orpéa
L’an dernier, le livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs, dénonçait avec fracas les maltraitances et les malversations au sein des Ephad d’Orpéa, un des 4 principaux groupes privé d’Ephad en France. Un livre qui confirmait des faits dénoncés depuis 2018 par la CGT.
Un système pensé pour dégager un maximum de profit
Recrutement, conditions de travail, maltraitance des résidents mais aussi des équipes, culture de la peur… Tous les éléments sont réunis pour instituer une maltraitance institutionnelle, au mépris des résidents et des équipes mais au bénéfice des actionnaires. Les Fossoyeurs a déchiré le voile et notamment démontré que le groupe a mis en place un système visant à rationaliser la production pour atteindre une marge de rentabilité à 30 % .
» Malgré nos diverses alertes, personne n’avait vu, fouillé ou audité » dénonce Guillaume Gobet, Membre de la fédération Santé action sociale CGT et membre du bureau de l’Union fédérale de la santé privée. «
Ce livre dénonce aussi le manque de contrôle et la carence de l’État. «
Sauvetage indispensable
Aujourd’hui, le groupe affiche une dette de 9,7 milliards d’euros. La Caisse des Dépôts et des consignations, un organisme public à la tête d’un groupement d’investisseurs (mutualistes, assureurs publics et privés, fonds de pension canadien) a pris le contrôle du groupe. Objectif : redresser la barre, protéger les résidents et sauver ainsi des emplois : Orpéa possède 354 établissements en France.
L’arrivée de la CDC est une opération de sauvetage indiscutable. La perspective d’une gouvernance à majorité publique devrait permettre une gestion éthique des moyens humains et matériels tant attendue par les résidents et le personnel.
Le secteur de la santé doit sortir du lucratif
Mais cette re financiarisation ne modifie en rien la structure de l’entreprise : il n’y a pas de prise de contrôle de l’État et la société reste cotée en bourse.
« Il s’agit toujours de dégager des profits pour les actionnaires » déplore Guillaume Gobet.
Le modèle reste identique : un secteur d’activité humain avec une logique commerciale, au détriment des résidents, mais aussi du climat social. Si la volonté de modifier les rapports sociaux est réelle, elle risque de se heurter à une culture d’entreprise ancienne : manque de personnel qualifié, turn over, délation, précarité créent un climat délétère et font perdurer le règne de la terreur.
L’État doit prendre ses responsabilités, notamment en renforçant les contrôles stricts, et en promulguant une loi qui augmente le taux d’encadrement minimum, trop faible actuellement.
- Orpea est un groupe privé français fondé en 1989, actif dans le domaine de la santé. L’entreprise gère une chaîne d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes privés, de maisons de retraite, de cliniques de soins et de services à la personne sous forme d’aide à domicile.
- Orpea est introduit en Bourse en 2002. Ses méthodes de gestion et les maltraitances induites sont régulièrement au cœur de scandales.
- Le groupe contrôle, en 2022, un réseau de 1 156 établissements et 116 514 lits dans 23 pays, principalement en Europe.
- En février 2023, à la suite du dernier scandale, Orpea a vu son cours de bourse chuter de manière très importante, il se trouve face à un mur de dette et doit entreprendre une restructuration financière et mettre en œuvre un nouveau plan stratégique sous le contrôle d’un nouveau groupement d’actionnaires mené par la Caisse des dépôts et consignations.