Une baisse programmée de nos pensions

Les partenaires sociaux qui pilotent l’Agirc-Arrco se donnent la possibilité d’augmenter les pensions à un rythme plus faible que l’inflation. Les treize millions de retraités du secteur privé vont certainement subir une perte de pouvoir d’achat.

Jeudi 22 juillet, les partenaires sociaux, qui pilotent le régime complémentaire Agirc-Arrco, ont ouvert la voie à une revalorisation des pensions inférieure à l’inflation durant les deux prochaines années.

Cette orientation a été approuvée par trois mouvements patronaux – le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), l’Union des entreprises de proximité – et par deux syndicats – la CFDT et la CFTC. Trois centrales de salariés – la CFE-CGC, la CGT, FO – ont fait savoir qu’elles y étaient opposées.

La solution retenue consiste à réécrire, par le biais d’un « avenant », l’un des accords nationaux interprofessionnels (ANI) qui régissent le fonctionnement de l’Agirc-Arrco. Grâce à ces amendements, le conseil d’administration sera en mesure de décider que les pensions progressent à un taux inférieur à celui de l’indice des prix, l’écart – ou la « sous-indexation » – pouvant aller jusqu’à 0,5 point (alors que celui-ci ne peut pas dépasser 0,2 point, à l’heure actuelle). Les gestionnaires du régime se prononceront au début de l’automne sur le pourcentage, celui-ci étant applicable à partir du 1er novembre. Ils disposeront de cette faculté deux années de suite.

Pour comprendre la mécanique mise en place, il suffit de prendre un exemple, fondé sur les données les plus récentes de l’Insee.

En juin, l’inflation a atteint 1,5 % sur les douze derniers mois. Si c’est cette valeur qui sert de référence, les administrateurs de l’Agirc-Arrco seront autorisés à n’augmenter les retraites que de 1 % pour un an. Et ils pourront faire de même à l’automne 2022, pour la revalorisation annuelle suivante (1er novembre 2022-31 octobre 2023).

La situation des comptes du régime  qui ont souffert l’an passé, avec un « résultat global » de – 4,1 milliards d’euros. qui a conduit le conseil d’administration à exercer son « devoir d’alerte » : cette procédure est enclenchée lorsque les réserves financières de la caisse (évaluées à 62,6 milliards d’euros à la fin de 2020) sont susceptibles de passer en dessous d’un seuil, correspondant à six mois de pensions sur un horizon de quinze ans.

En somme Patronat et CFDT/CFTC sont d’accord sur un point: Le Quoi qu’il en coûte c’est aux  retraités uniquement de le payer, pas question de toucher au magot ( constitué rappelons-le , par nos cotisations!) 

Dans le compte rendu de la 3ème réunion,  la délégation de la CGT  conclut ainsi:

« Cette négociation a été une mascarade. 
 Dès le départ, il est apparu que les organisations patronales, la CFDT et la CFTC
 avaient discuté du contenu de l’avenant et en particulier de refuser toute 
augmentation des recettes et d’utiliser la baisse de la valeur de service du point comme levier principal  d’équilibrage. 
Ce faisant, elles font fonctionner « à cotisations définies » le régime AgircArrco, 
offrant un tremplin aux futures réformes gouvernementales et au développement
 de la capitalisation.
Le fait marquant de ces trois séances, c’est la déloyauté caractérisée de cette
négociation, y compris des services techniques de l’AgircArrco qui, sous le 
joug du Medef, ont opéré une rétention sur la restitution des travaux.
Pour toutes ces raisons, la délégation est défavorable à la signature 
de cet avenant et  préconise d’examiner les voies de recours contre lui. »

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