Cumuler emploi et retraite complémentaire : mode d’emploi pour les retraités du 13

Pourquoi reprendre une activité après la retraite dans les Bouches-du-Rhône ?

Nombreux sont les retraités des Bouches-du-Rhône qui choisissent de poursuivre une activité professionnelle, souvent motivés par plusieurs raisons : compléter leurs revenus, rester actifs, maintenir du lien social ou encore s’engager dans de nouveaux projets. Selon la DREES (DREES), près de 500 000 retraités en France étaient en situation de cumul emploi-retraite en 2022, signe d’un intérêt croissant pour cette solution, particulièrement dans les grandes agglomérations comme Marseille ou Aix-en-Provence.

Mais attention, cumuler emploi et retraite complémentaire nécessite de respecter un certain nombre de règles, souvent méconnues ou perçues comme complexes. Cet article détaille le fonctionnement, les démarches et les écueils à éviter dans les Bouches-du-Rhône, pour que chacun puisse aborder ce cumul en toute sérénité.

Le cumul emploi-retraite complémentaire : de quoi parle-t-on exactement ?

Le cumul emploi-retraite permet à une personne ayant liquidé sa pension de retraite de reprendre ou continuer une activité professionnelle et de percevoir, en plus de son salaire, sa ou ses pensions de retraite (base et complémentaire) — sous certaines conditions. La pension complémentaire, souvent servie par l’Agirc-Arrco (secteur privé), la CNRACL (fonction publique territoriale) ou d’autres caisses selon votre parcours, constitue une part parfois majeure du revenu de retraite.

  • Le cumul intégral (ou libéralisé) : accessible si l’on a liquidé toutes ses pensions (de base et complémentaires) et atteint l’âge légal de départ avec une carrière complète (taux plein). Il permet de reprendre une activité sans plafonnement de revenus.
  • Le cumul partiel : possible si l’on n’a pas tous les trimestres ou si l’on n’a pas liquidé l’ensemble de ses pensions. Dans ce cas, il existe un plafond au total “retraite + revenus d’activité”, dépassé, la retraite complémentaire est réduite ou suspendue.

La région PACA, et en particulier le département des Bouches-du-Rhône, connaît une forte dynamique sur ces dispositifs grâce à un tissu économique dense (services à la personne, commerce, collectivités…) qui favorise la reprise d’activité à temps choisi.

Quelles sont les conditions légales pour cumuler emploi et retraite complémentaire ?

1. Avoir liquidé toutes ses retraites

Pour pouvoir cumuler sans limitation, il faut impérativement avoir demandé (liquidé) toutes ses retraites auprès de la Sécurité sociale (CARSAT, MSA) et des différentes complémentaires (Agirc-Arrco, Ircantec, CNRACL, etc.). Oublier une caisse ou retarder une demande peut entraîner la suspension de la retraite complémentaire.

2. Respecter l’âge minimum et, pour le cumul intégral, valider le taux plein

  • Âge minimum légal : entre 62 et 64 ans (âge progressif selon l’année de naissance avec la réforme de 2023).
  • Taux plein : Obtenu automatiquement à 67 ans, ou plus tôt si l’on a validé le nombre de trimestres requis (172 trimestres pour les générations nées après 1973, voir L'Assurance Retraite).

En-dessous de ces seuils, il reste possible de cumuler, mais sous conditions de plafonnement.

3. Le respect d’un délai de carence

Dans le secteur privé, si vous souhaitez reprendre un emploi chez le même employeur, un délai de 6 mois doit être respecté entre la date d’effet de la retraite et la reprise. Cela évite le “faux départ à la retraite” et la poursuite immédiate chez son ex-employeur (exemple : un agent territorial partant pour retravailler aussitôt dans la même mairie). Hors ce cas, on peut reprendre ailleurs sans délai.

Quels sont les plafonds à connaître dans les Bouches-du-Rhône ?

Pour le cumul partiel, les caisses appliquent des plafonds spécifiques. Voici les principaux pour 2024 :

  • Secteur privé Agirc-Arrco : Le total “retraite complémentaire + nouveaux revenus” ne doit pas dépasser le dernier salaire d’activité ou 160% du SMIC (soit 2 816€ brut mensuel au 1er mai 2024, voir Agirc-Arrco).
  • fonction publique territoriale (CNRACL) : Un plafond est fixé à un tiers du montant annuel brut de la pension si l’on retravaille dans la fonction publique. En 2024, le plafond mensuel est de 750,34€ net pour retraités de la CNRACL (source : CNRACL).
  • Régimes indépendants : Les plafonds suivent la législation du régime général : la limite est de 20 568€ brut annuel, soit 1 714€ brut par mois.

Dépasser ces plafonds peut entraîner la suspension du paiement de la retraite complémentaire.

Quelles démarches concrètes pour cumuler dans les Bouches-du-Rhône ?

  1. Informer toutes les caisses de retraite : Signalez systématiquement toute reprise d’activité à vos caisses de base et complémentaires. Certaines (AGIRC-ARRCO, CNRACL) proposent des formulaires dédiés en ligne.
  2. Signer un nouveau contrat de travail : CDI, CDD, temps partiel ou missions occasionnelles… Veillez à négocier la nouvelle nature de votre emploi (rémunération, horaires, etc.) en tenant compte des plafonds.
  3. Respecter le délai de carence si reprise chez le même employeur.
  4. Suivre chaque année vos justificatifs, car les caisses peuvent demander des attestations annuelles d’employeur ou de revenus.

Dans le département, de nombreux retraités profitent du dynamisme économique local pour reprendre une activité dans la santé, les services à la personne, l’accueil touristique ou la vie associative, souvent sous un statut souple (micro-entreprise, autoentreprise ou vacations).

Quels avantages fiscaux et sociaux à travailler après la retraite ?

  • Aucune nouvelle acquisition de droits à la retraite : Depuis 2015, retravailler après avoir liquidé ses droits n’augmente plus votre nombre de trimestres ou de points retraite, quel que soit le régime (article L161-22-1 du code de la sécurité sociale).
  • Maintien du cumul emploi-retraite possible avec plusieurs employeurs : Par exemple, un retraité CNRACL peut cumuler une vacation dans une commune du 13 et un emploi associatif à Marseille (sous réserve des plafonds).
  • Fiscalité classique : Les revenus d’activité post-retraite sont soumis à l’impôt sur le revenu et aux cotisations sociales habituelles, mais donnent droit à des abattements selon les cas. La retraite reste assujettie à la CSG/CRDS.

Il est fréquent que les retraités privilégient des postes compatibles avec leur temps libre et leur niveau d’énergie du moment, en cherchant par exemple des postes saisonniers dans le tourisme (ex. surveillant de plage à La Ciotat, guide dans le Parc national des Calanques) ou dans la médiation culturelle.

Cas pratiques et particularités locales dans le 13

  • Pour les fonctionnaires territoriaux ayant accumulé un double parcours (CNRACL + Agirc-Arrco) dans la région, il est indispensable de vérifier que toutes les pensions sont liquidées pour éviter les mauvaises surprises.
  • Dans l’économie sociale et solidaire marseillaise, les missions de conseil ou d'accompagnement permettent souvent un cumul souple, très apprécié des jeunes retraités du secteur public.
  • À noter : De plus en plus de seniors créent leur micro-entreprise après la retraite, particulièrement dans le coaching, la formation continue, le soutien scolaire ou les petits commerces alimentaires sur les marchés locaux, très développés dans les Bouches-du-Rhône. Attention dans ce cas aux seuils du chiffre d’affaires pour rester en cumul autorisé.
Type d'emploi Délais / Plafonds Points de vigilance
Reprise chez même employeur (fonction publique) 6 mois de carence Respect du délai impératif
Vacations associatives Plafond de 160% du SMIC Déclarer tous les revenus
Micro-entreprise Plafond CA = 77 700€ (services) Attention à la non-création de nouveaux droits retraite

Les profils les plus concernés et les erreurs à éviter

  • Les personnes ayant eu des carrières “mixtes” (privé/public/indépendant), très fréquentes dans la métropole marseillaise, doivent impérativement liquider toutes leurs caisses (souvent oublié !).
  • Ne pas attendre la modération d’un dépassement de plafond avant de notifier la caisse : le trop-perçu auprès de l’Agirc-Arrco ou la CNRACL peut être récupéré plusieurs mois après.
  • Méconnaître la réforme de 2023 : certains seniors du 13 pensent pouvoir partir à 62 ans comme avant, alors que l’âge légal passe progressivement à 64 ans pour les personnes nées après 1968.
  • Oublier la portabilité de la mutuelle santé : continuer à travailler peut permettre de conserver certains avantages liés à une complémentaire.

Perspective : cumuler emploi et retraite, un choix d’avenir dans le 13

Le cumul emploi et retraite complémentaire offre aujourd’hui, dans les Bouches-du-Rhône, une réelle opportunité pour conjuguer utilité, revenus complémentaires et plaisir. C’est aussi une solution de plus en plus courante face au coût de la vie et à l’inflation, qui touche particulièrement les grandes agglomérations du sud.

À condition d’être bien informé sur les démarches, les plafonds, et de ne pas négliger la déclinaison locale des règles nationales, chacun peut trouver une organisation qui convienne à ses projets, que ce soit pour financer un voyage, aider les proches, ou tout simplement rester actif dans une région où la solidarité et la transmission occupent une place centrale.

Pour aller plus loin, n'hésitez pas à consulter votre conseiller retraite (CICAS, relais collectivités locales, Points d'accueil Info Retraite…) ou les sites comme Info-Retraite et à suivre l’actualité sociale de la région sur le site du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône.

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