Comprendre le fonctionnement des pensions et retraites complémentaires en Bouches-du-Rhône

Pourquoi se pencher sur la retraite et sa complémentaire dans les Bouches-du-Rhône ?

Les Bouches-du-Rhône sont un département où l'on dénombre plus de 470 000 personnes âgées de 60 ans et plus, soit plus de 21 % de la population d’après l’Insee (2021). Ici, comme ailleurs, prendre sa retraite ne se limite pas à demander le versement d’une pension : il s’agit de comprendre quels revenus seront réellement assurés, comment ils sont calculés, et de savoir réagir en cas de question ou de problème.

Une grande partie de la population locale a travaillé dans le secteur public (fonction territoriale, hôpitaux, enseignement) mais aussi dans le commerce, l’industrie ou l’agriculture. Chacun voit donc son dossier retraite géré par différents organismes, et presque toutes et tous sont concernés par le fameux système de retraite complémentaire, obligatoire pour les salariés du privé, facultatif pour d’autres mais loin d’être anecdotique dans le budget des retraités.

La pension de base, point de départ commun

Avant d’entrer dans les détails sur la complémentaire, il faut savoir comment se compose la pension principale, souvent appelée « retraite de base ». Selon le régime auquel on appartient, son calcul varie :

  • Salariés du secteur privé : C’est la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) qui prend la main, avec un calcul reposant sur les 25 meilleures années de carrière.
  • Fonction publique : Les règles sont différentes : c’est souvent le dernier traitement indiciaire qui est utilisé comme référence.
  • Commerçants, artisans : Le régime géré par la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI, ex RSI) applique un calcul propre.

Pour une carrière complète, la pension de base maximum pour un salarié du privé (plafond 2024) atteint 1 911,15 € brut par mois (source : L’Assurance retraite), mais ce montant concerne un cas idéal et reste l’exception. La pension moyenne de base effectivement versée dans le département tourne autour de 1 090 € brut, tous régimes confondus, selon les dernières données MSA, Cnav et DREES (Dossiers Solidarité et Santé : Les retraités et les retraites, édition 2022).

Retraites complémentaires : pourquoi elles changent la donne

Pour beaucoup, la retraite complémentaire représente entre 20 % et 50 % du montant total perçu chaque mois. Elle est obligatoire pour la plupart des actifs (hors régimes spéciaux) et vient compléter la pension de base, souvent insuffisante pour maintenir son niveau de vie. Concentrons-nous sur le cas du privé, majoritaire dans les Bouches-du-Rhône.

Les fondamentaux du régime complémentaire Agirc-Arrco

  • Destinataires : Tous les salariés du secteur privé cotisent à l’Agirc-Arrco (fusion en 2019 des deux régimes précédents).
  • Fonctionnement : Chaque salarié acquiert des points tout au long de sa carrière, qui sont ensuite convertis en euros à la retraite.
  • Montant moyen : Dans les Bouches-du-Rhône, la pension complémentaire moyenne perçue chez Agirc-Arrco était de 373 € par mois (statistiques 2023, source : Agirc-Arrco), mais ce chiffre cache de grandes disparités homme-femme et selon le secteur d’activité.
  • Âge d’ouverture des droits : Identique à celui de la retraite de base, soit 62 ans pour la génération née après 1955 (hors dispositifs de carrière longue ou handicap).

Calcul des points et pension finale : quelques cas concrets

Chaque année de travail permet de cumuler des points en fonction des salaires soumis à cotisations, via une formule :

  • Points acquis = Salaire brut soumis à cotisation / valeur d’achat du point

En 2024, la valeur d’achat du point est fixée à 18,7663 €, et chaque point acquis rapporte 1,4159 € brut annuel lors de la liquidation des droits (Agirc-Arrco).

Exemple concret : Une salariée ayant cotisé pendant 32 ans, avec un salaire moyen de référence de 2 000 € brut par mois, cumulera environ 40 000 points Agirc-Arrco, pour une retraite complémentaire annuelle de 5 660 € brut (soit 471 € par mois environ), à ajuster selon les coefficients de solidarité ou décotes éventuels (voir plus bas).

Particularités locales et points de vigilance dans les Bouches-du-Rhône

  • Mobilité professionnelle fréquente : Beaucoup d’actifs de la région ont alterné plusieurs métiers ou employeurs, d’où la nécessité de vérifier que tous les points ou trimestres ont bien été pris en compte, notamment pour les périodes d’intérim ou d’emploi saisonnier.
  • Mixité des carrières : Les Bouches-du-Rhône comptent une forte proportion de personnes ayant cotisé à plusieurs régimes (public/privé, agricole, indépendant), engageant parfois des calculs complexes entre Cnav, Agirc-Arrco, CNRACL, MSA, etc.
  • Population agricole et artisanale : Il reste près de 32 000 retraités affiliés à la MSA dans le département (MSA). Leur retraite complémentaire est calculée différemment, sur la base de points non alignés sur le régime général.

L’important ? Toujours demander son relevé de carrière (RIS) et faire valider les périodes manquantes avant la liquidation, avec l'accompagnement de la CARSAT Sud-Est (Marseille) ou de l'organisme compétent.

Sous le capot : les règles à connaître sur la retraite complémentaire

  • Coefficient de solidarité ou minoration temporaire Agirc-Arrco : Entré en vigueur en 2019, ce mécanisme applique une minoration de 10 % sur la pension complémentaire pendant 3 ans pour ceux qui liquident leur retraite dès l’âge légal, sauf cas d’exonération (par exemple : handicap, invalidité, faible imposition ou travail au-delà de l’âge du taux plein).
  • Revalorisation annuelle : Les points sont revalorisés chaque année, en octobre, selon l’évolution des salaires (et non de l’inflation), mais cette hausse reste modérée (+4,9 % en novembre 2023 selon Agirc-Arrco).
  • Cumul emploi-retraite : Depuis la réforme de 2023, le cumul emploi-retraite intégral permet désormais d’acquérir de nouveaux droits à pension complémentaire uniquement si l’on a totalement liquidé toutes ses pensions. Cette mesure, attendue par de nombreux retraités actifs des Bouches-du-Rhône, ouvre la porte à un petit supplément de pension.
  • Pension de réversion Agirc-Arrco : Les veufs/veuves bénéficient d’une pension de réversion à hauteur de 60 % de la pension du défunt, sans condition d’âge (hors remariage). Dans le 13, près de 36 000 personnes en bénéficient. À noter que, contrairement au régime de base, il n’y a pas de condition de ressources (Agirc-Arrco).
  • Retraite progressive : Accessible dès 60 ans, permet de liquidifier partiellement ses droits tout en travaillant à temps partiel, une option fortement utilisée dans le secteur tertiaire et la santé.

Où et comment s’informer dans les Bouches-du-Rhône ?

  • Agences CARSAT Sud-Est : Marseille, Aix-en-Provence, Arles, Aubagne : elles répondent aux questions sur votre dossier de retraite de base et effectuent la vérification des relevés de carrière pour la Cnav.
  • Points d'accueil Agirc-Arrco : Marseille (avenue Prado), mais aussi des permanences à Salon, Martigues et La Ciotat : accès sur rendez-vous, renseignements sur la liquidation, le suivi des points et les droits à la réversion.
  • Associations d’aide aux retraités : Les structures comme l’UNRPA, la CFDT Retraités, Solidaires 13, proposent des accompagnements ciblés, même en zone rurale ou dans les quartiers périphériques.
  • Espace Numérique Mobile : Le département finance un bus informatique (Espace numérique mobile) permettant aux seniors, surtout en zone rurale, d'apprendre à utiliser le portail de l’Assurance retraite, à consulter leur RIS ou à signaler un oubli.

Anecdotes, chiffres marquants et conseils utiles

  • Espérance de vie élevée : Les femmes des Bouches-du-Rhône perçoivent en moyenne leur retraite sur 24,5 ans, les hommes sur 19,1 ans (INSEE). Ce temps long doit inciter à vérifier ses arrangements patrimoniaux (réversion, aide au maintien à domicile, etc.).
  • Retard de liquidation fréquent : Dans le 13, près de 15 % des dossiers Agirc-Arrco doivent être régularisés suite à des périodes manquantes (emploi non déclaré, petit boulot étudiant). Un diagnostic complet, deux ans avant la date prévue, permet souvent d’éviter des soucis de paiement.
  • Pensées pour les ex-conjoints divorcés : Contrairement à une idée reçue, l’ex-conjoint divorcé non remarié peut prétendre à la réversion Agirc-Arrco, au prorata des années de mariage avec l’assuré.

Pour aller plus loin : des ressources et des gestes simples

  • Relevé individuel de situation : Demander un RIS à l’approche de ses 55 ans et le comparer aux souvenirs de carrière : le moindre oubli peut faire perdre plusieurs dizaines d’euros par mois sur le long terme.
  • Faire appel au conseiller retraite local : Depuis 2022, la CARSAT Sud-Est met en place des « cafés-retraite » dans les communes de 10 000 à 30 000 habitants. S’inscrire à une de ces séances permet de poser ses questions (souvent en petit groupe).
  • Consultez les simulateurs officiels : Le site Info-retraite.gouv.fr permet d’obtenir une estimation gratuite de ses pensions, base et complémentaire.
  • Dossier de liquidation unique : Depuis 2019, la demande de retraite en ligne déclenche la liquidation de tous les régimes auxquels on a cotisé. Pas besoin de multiplier les démarches !

Un système à apprivoiser et à suivre de près

Maîtriser les règles de base des pensions et retraites complémentaires dans les Bouches-du-Rhône, c’est aussi se donner la capacité de prendre des décisions au bon moment : différer la liquidation pour éviter la minoration de 10 %, vérifier le cumul des points, ne pas hésiter à utiliser les dispositifs d’accompagnement offerts localement.

Face aux évolutions législatives fréquentes et aux spécificités locales, il est essentiel de garder le réflexe vérification, d’utiliser les outils numériques disponibles ou de s’appuyer sur les réseaux solidaires présents dans le 13. Car la retraite, pour être vécue paisiblement, nécessite un peu de préparation… et beaucoup d’anticipation !

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