Comprendre la réversion : Différences clés entre retraite de base et complémentaire dans les Bouches-du-Rhône

La réversion, un droit souvent méconnu

La réversion reste une étape administrative majeure, mais aussi une protection essentielle pour les conjoints survivants. On estime qu’en France, près de 4,4 millions de personnes perçoivent une pension de réversion (source : DREES, 2022), mais les démarches et les critères sont loin d’être aussi simples qu’il n’y paraît. Surtout, il existe deux systèmes parallèles : la retraite de base et la retraite complémentaire. Or, dans le département des Bouches-du-Rhône, où la population retraitée est particulièrement nombreuse (plus de 530 000 habitants de plus de 60 ans selon l’INSEE), beaucoup hésitent et s’interrogent sur leurs droits et les différences réelles entre ces deux formes de réversion.

Cet article vise à clarifier point par point le fonctionnement, les conditions d’attribution, les montants et les démarches spécifiques, pour que chaque habitant des Bouches-du-Rhône puisse avancer sans crainte.

Retraite de base et complémentaire : deux piliers, deux logiques

La retraite de base : le socle du système

La retraite de base dépend du régime général de la Sécurité sociale (CARSAT Sud-Est pour la région PACA), mais aussi des régimes alignés (MSA, Sécurité sociale des indépendants, etc.). Cette pension de réversion concerne en premier lieu les salariés du privé, les travailleurs indépendants, les artisans, commerçants, et les agriculteurs.

La retraite complémentaire : un système par points

La retraite complémentaire, en revanche, s’appuie sur des caisses comme l’Agirc-Arrco pour le secteur privé. Elle fonctionne selon un système de points cumulés tout au long de la carrière. En pratique, dans le 13, la majorité des retraités relevant du régime général cotisent aussi à l’Agirc-Arrco.

Les deux dispositifs de réversion sont indépendants : il est possible d’être éligible à l’un sans l’être à l’autre !

Les conditions d'attribution dans les Bouches-du-Rhône

1. Condition d’âge

  • Retraite de base : le conjoint survivant doit avoir au moins 55 ans pour faire la demande (62 ans pour la fonction publique).
  • Retraite complémentaire Agirc-Arrco : l’âge minimum est de 55 ans. Cependant, la pension peut être versée avant cet âge si le bénéficiaire a deux enfants à charge, ou en cas d'invalidité.

2. Condition de ressources

  • Retraite de base : c’est le point clé. Le montant des ressources personnelles du conjoint survivant ne doit pas dépasser 24 232 € par an pour une personne seule et 38 771,20 € pour un couple en 2024 (source : CARSAT).
  • Retraite complémentaire : aucune condition de ressources. La réversion est automatique si les autres conditions sont remplies.

Ce point fait toute la différence ! Un couple modeste de Martigues ou de Salon-de-Provence pourra bénéficier de la pension de base, là où certaines personnes dépassant ce seuil ne percevront que la complémentaire.

3. Condition matrimoniale

  • Retraite de base : seul le conjoint ou ex-conjoint marié peut prétendre à la réversion. Le PACS et le concubinage ne sont pas pris en compte.
  • Retraite complémentaire : même logique, seul le mariage ouvre droit à la réversion.

4. Remariage

  • Retraite de base : le remariage fait perdre définitivement le droit à la réversion.
  • Retraite complémentaire : la réversion complémentaire n’est pas remise en cause en cas de remariage (Agirc-Arrco).

Cela surprend souvent… Plusieurs personnes à Marseille, suite à un remariage, ont continué à percevoir la complémentaire mais ont perdu la réversion de base. C’est un point de vigilance important.

Montants attribués : calculs et plafonds

Pension de réversion de la retraite de base

La pension représente 54 % de la retraite de base dont bénéficiait ou aurait pu bénéficier l’assuré décédé. Plafonnée à 12 699,84 € bruts par an en 2024 (source : service-public.fr).

Les ressources du bénéficiaire sont prises en compte et le montant peut donc être réduit pour rester sous les plafonds évoqués précédemment.

Pension de réversion de la retraite complémentaire Agirc-Arrco

Le taux de réversion est de 60 % des droits (nombre de points acquis) du défunt. Aucune condition de ressources ni plafonnement des montants. Si le retraité avait acquis 5 000 points Agirc-Arrco valorisés à 1,4159 € en 2024, la base annuelle serait de :

  • 5 000 x 1,4159 € = 7 079,50 €
  • 60 % de ce montant = 4 247,70 € par an versés au conjoint survivant

Ce montant se cumule éventuellement avec celui de la réversion de la retraite de base, si les conditions sont remplies.

Démarches et délais dans les Bouches-du-Rhône

Dans le 13, comme partout en France, il faut engager les démarches soi-même : rien n’est automatique ! La CAF, la mairie ou la CARSAT peuvent accompagner dans la constitution du dossier.

  • Pour la retraite de base : le formulaire S5137 est à adresser à la CARSAT Sud-Est.
  • Pour la retraite complémentaire : la demande se fait auprès de l’Agirc-Arrco, le plus souvent en ligne ou via un conseiller en agence (certaines branches, comme la BTPR ou la Métallurgie à Aix-en-Provence, disposent de points d’accueil locaux).

Le traitement des dossiers prend souvent plusieurs mois. Il faut donc veiller à démarrer les démarches le plus tôt possible, en joignant toutes les pièces justificatives (acte de décès, livret de famille, avis d’imposition, etc.). À noter qu’en cas d’urgence budgétaire, il est possible de demander une avance sur pension auprès de la caisse.

Situtations spécifiques dans le département

Dans les Bouches-du-Rhône, la diversité des carrières expose à des cas parfois complexes :

  • Carrières « mixtes » entre privé et public : chaque régime verse sa réversion selon ses propres règles, et il arrive que certains bénéficiaires doivent faire des demandes auprès de plusieurs caisses différentes (exemple fréquent à Marseille chez les agents administratifs ou les aides-soignantes ayant changé de secteur).
  • Non-recours aux droits : selon l’observatoire national de la pauvreté, plus de 8 % des ayants-droit ne font jamais la demande pour la retraite de base, par méconnaissance ou peur des démarches (source : DREES, 2023).
  • Ayants droit vivant à l’étranger ou retournant au pays d’origine : exigences supplémentaires, parfois complexité pour faire valoir ses droits avec des documents étrangers.

Il est conseillé, notamment dans les zones rurales ou les quartiers périphériques d’Aix, Arles ou Istres, de ne pas hésiter à demander l’appui des points d’accueil France Services ou des centres sociaux, qui accompagnent gratuitement.

Tableau récapitulatif : ce qu’il faut retenir

Critère Réversion retraite de base Réversion retraite complémentaire (Agirc-Arrco)
Âge minimum 55 ans (privé), 62 ans (fonction publique) 55 ans (possibilité avant si enfants à charge ou invalidité)
Condition de ressources Oui (24 232 €/an pour une personne seule en 2024) Non
Montant reversé 54 % de la pension du défunt (plafonné) 60 % des points du défunt (non plafonné)
Remariage Droit supprimé Droit maintenu
PACS/conjoint non marié Non concernés Non concernés
Démarches à engager Formulaire CARSAT Formulaire Agirc-Arrco

Pourquoi anticiper sa demande de réversion ?

Dans un département vieillissant et où les situations sociales sont parfois fragiles, anticiper n’est pas une option mais une nécessité. Mieux connaître les règles, c’est éviter de perdre des droits ou de voir son budget être mis en péril.

  • Préparer à l’avance les pièces nécessaires (acte de mariage, avis d’imposition, relevés de carrière).
  • Vérifier ses droits via les simulateurs en ligne (www.lassuranceretraite.fr, www.agirc-arrco.fr).
  • Se faire accompagner en cas de démarchage difficile ou de situation particulière.

Enfin, chaque mois compte : les pensions sont versées rétroactivement dans la limite de 12 mois seulement pour le régime de base. Un retard de dépôt du dossier signifie donc une perte sèche pour le conjoint survivant.

Pour aller plus loin : ressources et conseils locaux

  • CARSAT Sud-Est (Marseille, Aix-en-Provence, Arles) : accueille sur rendez-vous pour examiner les situations personnelles.
  • France Services : de nombreux points d’accueil dans les villages et quartiers, pour lutter contre le non-recours aux droits.
  • Agirc-Arrco : accueil possible en ligne ou via des conseillers dédiés, parfois des permanences locales dans le département.

Se tenir informé localement, c’est aussi prendre part à la solidarité et à la transmission des savoirs essentiels. Comprendre la différence entre réversion de base et complémentaire permet de défendre vos droits, d’accompagner vos proches et d’éviter des erreurs coûteuses.

Pour toute question, n’hésitez pas à solliciter les associations de retraités ou les permanences gratuites organisées régulièrement dans les mairies et centres sociaux du département.

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